dimanche 16 octobre 2011

Vivre avec un chaton


(C’est difficile pour une fille de 22 ans qui a des frères allergiques)


Depuis une semaine, je vis avec un chaton. Il est roux, il a six mois, il s’appelle Merlin. Il est infiniment plus chiant et plus adorable que ce à quoi je m’attendais.

Voilà, là, typiquement, le chaton est perché sur ma commode alors que je ne veux pas qu’il aille dans ma chambre, et encore moins sur mes meubles. Après une semaine de batailles farouches – moi poursuivant le chaton à travers tout l’appart en vociférant les injures les plus infâmes – j’ai fini par céder. Pour ma défense, il me regarde avec ses grands yeux de Chat Potté, il mord avec ses petites dents de serpent et il lèche ses petites pattes blanches. #jefonds.

Mais dis-moi, chaton :
  • Tu es un chat. Tu n’es pas censé aimer l’eau. Donc, que vas-tu foutre en permanence dans la baignoire et dans l’évier ?

  • « Chat échaudé craint l’eau froide ». Je te garantis que tu vas trouver ce proverbe très parlant  si tu continues à te balader sur les plaques de cuisson.

  • Je trouve ça très chouette que tu ailles prendre l’air sur le balcon. Tu trouves ça très chouette de ramener des feuilles mortes et de la terre dans ma chambre. Il y a clairement un malentendu.

  • Toi qui perds des poils roux, arrête d’aller sur mon beau lit tout blanc ! Et inutile de te rouler en boule et de fermer les yeux et de ... ! Bon ok, je meurs de cuteness, je vais mettre un couvre-lit.

  • Il va falloir que tu m’expliques d’où vient ton addiction aux yaourts à la vanille et au chocolat. Toi chat, toi manger croquettes.



Pour information, pendant les dix minutes que j’ai passé à rédiger cet article, le chat est venu s’endormir sur mon lit et j’ai passé environ neuf minutes trente à le regarder en faisant « Awwwww ». J’attends de voir sa réaction quand je vais le virer de là pour aller me coucher.

mercredi 28 septembre 2011

Sensualité à l'état pur

Bonjour à tous! Bienvenue au musée de Scarlett...

Comme promis, et sans plus attendre, voici le tableau de la semaine! Si vous avez lu attentivement mon billet de mardi dernier, vous saurez d'où me vient l'envie de vous présenter cette oeuvre...

Van Dongen, Anita, 1907 (130 x 81 cm)
Collection particulière

Pour tout vous dire, j'ai découvert Anita dans un article de Slate il y a quelques mois et je suis tombée en arrêt. Ce tableau représentait exactement les impressions que je commençais à ressentir avec mes cours de modèle vivant.

Mais commençons par dire un petit mot de l'artiste. Kees Van Dongen (1877-1968) est un peintre néerlandais au prénom franchement absurde (en entier : Cornelis Theodorus). Il est surtout l'un des membres d'un mouvement aussi bref que brillant, le fauvisme, qui a sévi dans le monde culturel parisien entre 1905 et 1910, ayant commencé à décliner en 1908. De la vie de Cornelis avant les Fauves, retenons surtout qu'il a reçu sa formation à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Rotterdam, où il fut adepte et artiste du quartier rouge entre 16 et 21 ans, en plus d'être sympathisant anarchiste. En 1899, il rejoint une femme à Paris et l'épouse. Il expose principalement au Salon des indépendants en 1904, aux côtés de Matisse ou Vlaminck. Mais la date à retenir est 1905 : le Salon d'Automne, exposition qui fait scandale dans le tout-Paris de la critique. Les couleurs sont criardes, violentes, sans nuances. Ceux qui s'appellent désormais les Fauves - Van Dongen, mais aussi Derain, Vlaminck, Braque et surtout leur précurseur, Matisse - viennent de lancer un pot de peinture pure à la face de Paris. Dans le prolongement de ses habitudes rotterdamoises, Van Dongen s'éprend de Montmartre, dont il s'applique à représenter les femmes - nues, très fardées, jusqu'à la déformation de leur visage par des couleurs trop vives et des lumières trop brutales. Malgré ses tribulations futures en Afrique du Nord, dans l'Europe des années folles ou encore en Allemangne nazie sur l'invitation de Goebbels, ce sont ces femmes de Paris qui demeurent sa marque de fabrique.

Il me semble qu'Anita représente assez bien tout cela... A ceci près que ce tableau m'évoque plutôt du Gauguin que du Toulouse-Lautrec ou du Degas, dont Van Dongen tire son inspiration. Je ne crois pas que ce soit une de ses toiles les plus célèbres, aussi me permettrai-je d'en parler très personnellement, sans blabla académique, ni prétention d'exhaustivité.
Ce que je vois chez Anita, c'est ce que j'ai trouvé sur les modèles que j'ai dessinées : des volumes. La technique des aplats de couleurs permet de représenter le corps comme une imbrications de pièces distinctes, plutôt que comme une ligne globale censée montrer la silhouette. D'abord, on ne peut pas dessiner une silhouette en modèle vivant, tout simplement à cause des jeux de lumière qui absorbent plus ou moins le corps dans le décor (c'est beau, j'ai pas fais exprès, promis). Et puis, franchement, quand je regarde mon corps, je n'ai pas l'impression que mon ventre soit le prolongement de mes seins, ni que mes jambes et bras soient des excroissances symétriques du tronc. Chaque membre a droit à son autonomie, sa couleur, sa lumière, bref, son volume.
Les Grecs de l'Antiquité vous auraient dit que la plus belle des harmonies vient de la combinaison de volumes qui se ressemblent sans être exactement de même dimension. Je trouve que ça vaut ici pour la couleur. Anita y gagne une beauté unique qui ne vient pas de ses mensurations ; de même, Anita le tableau tire des couleurs son unité : il faut imaginer cette toile toute rose contrastant avec des oeuvres politiquement correctes sur le mur bien blanc d'un musée bien classique, il y a de cela une petite centaine d'années... Comme j'aime cette femme criarde et sensuelle en dépit des conventions!

Pour en savoir un peu plus, je vous recommande cet article à propos de l'expo "Van Dongen, fauve, anarchiste et mondain" qui s'est malheureusement terminée en juillet dernier au Musée d'art moderne de la ville de Paris. En revanche, vous pourrez aller voir un peu de Matisse à l'expo "L'aventure des Stein" à partir du 5 octobre 2011 au Grand Palais. Bonne visite!

mardi 27 septembre 2011

Le dimanche, c'est peinture!

Comme certains le savent, je suis récemment revenue à l'une de mes passions les plus anciennes : le dessin. Ou la peinture. Ou parfois la sculpture, mais avec très peu de succès. Ouais, plutôt le dessin, en fait. Ces derniers temps, j'ai surtout découvert le modèle vivant (dessiner des gens tout nus et entendre Maman me dire : "Mais c'est très bien, ma chérie, continue à regarder des gens tout nus, et j'espère que tu auras aussi plein de modèles hommes tout nus!". #extase)

Bref, tout ceci m'a donné une idée. Désormais, si vous le permettez, je vous présenterai tous les dimanche un tableau ou un artiste ou un courant que j'aime particulièrement. Les chanceux qui sont parfois invités dans la chambre de mon adolescence auront peut-être même déjà vu des reproductions de ces oeuvres plein les murs.

Vu que - les perspicaces de la bande n'auront pas manqué de le remarquer - nous sommes seulement mardi, il n'y aura pas de tableau aujourd'hui. Je vous laisse rêver sur les beautés que vous allez bientôt découvrir et la culture pleine de failles mais culture quand même que vous acquerrez grâce à mes brillantes recherches Wikipedia. Et vous, en échange, vous me laissez quelques jours pour bosser sur l'ouverture de mon musée virtuel.

Je précise que cette initiative est aussi altruiste que de faire un gâteau au chocolat : tout le monde y goûte, mais premier de tous, le cuistot. En plus il a le droit de lécher le plat... Comprendre : je compte bien m'amuser, ou au moins me cultiver, et si d'aventure j'en ramasse quelques uns sur le chemin qui auraient eu la flemme de faire eux-mêmes les recherches, tant mieux pour nous tous!

Encore une chose. Je ne prétends pas être une référence en histoire de l'art, je vais sans doute vous raconter des poncifs et probablement aussi faire quelques erreurs. Je vous prie d'avance de me les pardonner et surtout de me les signaler! De même que, si mes analyses personnelles ne vous plaisent pas, je serai ravie d'entendre les vôtres... Sérieusement... D'ailleurs si quelqu'un connaît un site ou un blog qui fournisse le genre de service que je vous propose ici, qu'il m'envoie le lien!

Bonne soirée à tous, et à dimanche au musée!

mardi 2 août 2011

Quand je serai grande... je veux être un enfant!


http://www.hec.fr/Grande-Ecole/Videos/SO-MANY-DOORS-ONLY-ONE-KEY-HEC
Si t'as la flemme de lire, tu peux regarder ça, mais tu vas mourir!

Depuis quelques mois, je mène, un peu par hasard, une enquête sociale auprès des jeunes de 20/21 ans. Des sujets comme moi, qui ont une situation familiale stable, une santé solide, un peu d'argent des parents ; des gens qui sortent de prépa pour aller directement à la case "grande école parisienne" ; bref, des gens brillants et chanceux, qui s'apprêtent à vivre le moment le plus cool de leur vie. Du moins, c'est ce qu'affirment tous les autres.

Eh bien, j'ai constaté une chose étonnante : ils ont la trouille!

Pas une vague anticipation du genre: "tu crois que les gens vont être sympas en école, et que je vais pouvoir rester avec mes amis? Qu'est-ce que je vais faire comme spécialisation? C'est dur, le permis de conduire?". Non non.

Plutôt une trouille viscérale (j'en veux pour preuve l'état de mon foie, entre autres viscères, après quelques années de cette période de ma vie). Une angoisse à rendre Baudelaire jaloux. Des miquettes du diable. PEUR

Prenons trois sujets d'étude.
Sujet A (F, 20 ans, 0A) m'a pleuré dans les bras pendant des heures, déplorant son admission dans l'école la plus prestigieuse qu'elle ait envisagée après trois ans de prépa. Son interprétation avisée : "je me voyais plutôt aller dans l'école #2, c'est ça qui était prévu, je ne veux pas aller dans l'école #1." Tout ceci mêlé à la culpabilité d'avoir réussi sans le vouloir là où d'autres vivaient pour ça et ont échoué. Arrosé d'un peu d'alcool.
Sujet P (H, 20 ans, 1A), destabilisé par une proposition indécente d'une femme mûre de 23 ans, a concentré en un discours d'une demi-minute toute une série d'arguments qui devaient être très pertinents pour lui et qui ressemblent pour moi à d'affreux clichés raccornis : "je ne suis pas prêt à m'engager, d'ailleurs j'ai envie de profiter de la vie en école, en plus tu t'embêterais avec moi, et puis que dirait Machin? enfin y a la différence d'âge, sans parler de la distance [NDA : 20' en voiture, sachant que chacun est muni d'un permis et d'une voiture] ... et puis, ça fait longtemps, je sais plus faire."
Sujet F (H, 21 ans, 2A), parfaitement sobre, m'a avoué qu'il regrettait de ne pas arriver à pleurer de temps en temps. Et pourtant, il en avait gros. Suivre des cours de deuxième année, ok ; participer à des assos, volontiers ; gagner un peu d'argent de poche, pas trop compliqué ; trouver un stage, ça ira ; organiser des projets extra-scolaires, cap'! Mais tout ça à la fois.. Mamaaaan, où es-tu?

J'ai mon avis bien senti sur chacun des trois, et je connais leurs circonstances atténuantes (ils en ont, comme nous tous). Mais ce qui me frappe, outre la formulation de leurs arguments, qui sont bien de leur âge, dirais-je si j'étais une femme mûre de 33 ans, c'est que le fond du problème est le même pour tous : ils ont la trouille de se voir débarqués brutalement dans un monde d'adultes, après les rails de la prépa et de la vie chez papa-maman. Dans la vraie vie, un rail, c'est planant, dangereux, et ça peut vous envoyer à la case prison pour trois tours de dix ans. Et chez papa-maman, il y a la machine à laver (et dans quelques années, la baby sitter d'urgence).

Ce qui me frappe encore plus droit dans la face, c'est que tout ce qu'ils me disent, je l'ai dit aussi dans les trois dernières années. Toutes les semaines, j'ai eu le vertige en constatant que j'étais deux fois plus expérimentée que la semaine, le mois, le semestre d'avant. Et pourtant - mauvaise foi ou erreur de jeunesse - toutes les semaines, je me suis accrochée à ces arguments comme à des convictions gonflables qui allaient enfin me sauver de la noyade. Le pire? Je suis à peu près sûre que je continue à faire ça en ce moment même.

Ce que j'aimerais leur dire? Au sujet A, que choisir une école, ça ferme des portes, mais ça en ouvre aussi ; et que les découvertes qu'elle va faire dans les prochaines années ne sont pas celles qu'elle imagine, et tant mieux! Au sujet P, que c'est la seule période de sa vie où il pourra se lancer les yeux fermés et avoir encore un semblant de filet, que la vie se chargera bien de lui mettre des entraves et de lui faire louper des occasions sans qu'il le fasse lui-même. Au sujet F - sans doute le plus proche de mes préoccupations actuelles, à quelques mois près - que ses problèmes n'en sont pas, et que je l'admire d'en faire autant, et que le jour où il arrivera à freiner la course assez pour regarder derrière lui, il sera vachement fier. Et à tous, que cette peur est un super bon signe : ça veut dire qu'on n'est pas (trop) un petit péteux de fils à papa bardé de pistons, ni un imbécile béat de naïveté mal placée, ni une feuille de salade.

Mais au moment de leur dire ça, j'ai un problème. Souvent j'aimerais bien que Scarlett débarque de mon futur, avec trois ans de plus, et me fasse part de ses conclusions. Mais je pense que je ne la croirais pas. Et même si je devais la croire, ça serait quand même dommage d'avoir un spoiler dans l'histoire la plus passionnante de ma vie : comment j'ai fait pour me retrouver là, moi?

mardi 26 juillet 2011

Good morning sunshine

Depuis que j’ai fait l’acquisition de mon Blackberry, j’ai développé un nouveau petit rituel au réveil : chaque matin, dès que je me lève, j’y jette un œil et je me reconnecte au monde. La grande différence avec mes portables précédents étant que dorénavant, je n’ai plus seulement accès à mes textos mais aussi à mes mails, à Facebook, Twitter et toutes ces indispensables conneries.

Et dans ce que mon Blackberry a à m’annoncer chaque matin, on trouve un peu de tout :

-          D’abord, je reçois tous les matins un « texto biblique ». Citation de je ne sais quel texte religieux, 90% du temps oublié juste après sa lecture, mais qui réserve parfois des surprises. Comme un petit « Déchargez-vous sur Dieu de tous vos soucis » ou un « Tiens bon et soit fort. Il ne te lâchera pas, il ne t’abandonnera pas » un matin où, justement, j’avais envie de mourir ou de tuer quelqu’un. Ou encore mon préféré : « Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin a perdu bien des gens », joliment de circonstance un vendredi matin.
-          Ça peut aussi être un message sur Facebook pour organiser la soirée qui vient
-          Ou un petit twit qui me rappelle que deux de mes fidèles correspondantes du bout du monde sont déjà debout depuis 6 bonnes heures
-          Ou un nouvel article sur Microclimats
-          Ou le seul groupe de rock que je suis qui m’informe qu’ils vont encore faire un concert, mais encore à une date qui ne m’arrange pas du tout
-          Ou mon site de fanfictions qui m’informe qu’un de mes auteurs préférés a écrit un nouveau chapitre ou bien, ô joie ô merveille, qu’un de mes lecteurs a bien aimé mes histoires.
-          Ou une collègue au cours de mon dernier stage qui, levée tôt, s’est aperçue que j’avais sérieusement planté un truc et qui faudra penser à arranger ça dès que j’arriverai au Burö.
-          Ou la même fille qui, après ledit stage, me propose de me faire une lettre de recommandation, et puis me demande si pour mes vacances je vais avoir besoin d’un sac à dos parce qu’elle peut m’en prêter un au cas où.
-          Ou un fort charmant jeune homme qui a accepté ma friend request sur Facebook, à ma grande satisfaction. Je pouvais déjà voir ses photos mais tout de même, c’est plus sérieux comme ça.
-          Ou quelqu’un qui a eu un cancer.
-          Ou Amazon, navré de m’apprendre qu’en fait je vais devoir attendre deux semaines de plus pour recevoir mon bouquin qui n’est pas en stock.
-          Ou une nouvelle adepte du Trône de Fer, qui m’écrit offusquée par la scène où *** a *** avec *** et *** les a vus.
-          Ou une nouvelle promo sur Voyage-Sncf.com/Singapour Airlines/Bouygues Telecom
-          Ou un type BASURDE qui veut m’ajouter sur Google +
-          Ou un texto inattendu de quelqu’un qu’on ne croyait pas en France


Bref, mon Blackberry le matin, c’est un peu la boîte de Pandore. Ou comme une boîte de chocolat, pour plagier Forrest Gump. On ne sait jamais sur quoi on va tomber.

Une péripétie



Un ami de mes parents est mort hier.

Pas forcement proche, pas forcement un très bon ami ; juste un père de famille, la cinquantaine.
Pas suffisamment proche pour que j'aie suivi en détail l'avancée du cancer, la rechute, les dernières semaines où l'on sait déjà. Juste une info de temps en temps, "ah, au fait, Pascal a été hospitalisé".

Un fait, indépendant de nos vies à nous, presque comme un personnage de roman dont on suit les péripéties.

Comme la mort d'Amy Winehouse, que j'ai lue sur Internet, que j'ai apprise comme j'avais appris la mort de ce personnage du Trône de Fer, à cinq minutes d'intervalle. Elle, overdose, lui, décapité.
Lui, cancer.

Juste un rebondissement dans l'histoire, à classer avec les mariages, les découvertes de filiations cachées ou les accidents de voiture.


Avec une famille  ravagée en plus. En vrai.

mardi 12 juillet 2011

Toute la musique que je j'aime...

Il y avait un film - l'homme de ma vie m'en parle régulièrement, mais j'oublie le nom régulièrement - où le héros range les périodes de sa vie suivant la musique qu'il écoutait à l'époque.
J'ai entamé mon 5ème mois de Chine, et voilà les musiques qui pour toujours, seront associées à Pékin dans mon esprit :

Britney Spears, Femme Fatale ; Far East Mouvement, Like a G6.
C'est l'hiver à Pékin, il fait un froid insoutenable. Le manteau que j'ai apporté de France ne suffit pas à couper le vent. Il fait nuit tôt, et je rencontre mes premiers amis étrangers dans des bars, en buvant mes premières Tsing Tao. Femme Fatale est un album sale, la musique est nasty. C'est sans aucun doute une musique qui dit : Fais la fête pour survivre. Like a G6 passe en boucle dans les clubs bondés. Shots de tequilas avec mes collocs chinoises.

Alex Beaupain, Les Chansons d'Amour ; André Manouquian, So in Love.
Il fait toujours froid, mais je m'habitue à la ville, à ses habitants. Je n'arrive pas à gérer la distance, je garde peu de contacts avec Paris. La France me manque. Je teste mon premier vin chinois, j'achète des Vaches qui rit comme ersatz de fromage. J'écoute Les Chansons d'Amour en boucle, et je regarde le film quatre fois d'affilée. Forcément, je pleure. Les français quittent Pékin les uns après les autres. Le printemps se dessine.

Amy Whinehouse, Frank ; Emilie Simon, Dame de Lotus ; Les BB Brunes, sélection.
Un très court printemps, deux semaines, trois peut-être. Le soleil est doux et l'on va à la plage, on fait des barbecue. J'essaye de faire écouter un peu de musique française aux étrangers, ils tombent amoureux d'Emilie Simon. Je prépare l'arrivée du boyfriend, je commence seulement à apprendre quelques mots de chinois. Yuo guai, zuo guai. Les BB Brunes me rappellent le lycée.

Oh La La, Oh La La ; Les Brigitte, Et vous tu m'aimes ?.
Le boyfriend est arrivé et a apporté avec lui deux albums français. Je les écoute en marchant jusqu'au bureau. La chaleur est étouffante. Je suis en paix avec Pékin, Paris, mes amis. La reprise de Ma Bentz par les Brigitte est trop sexuelle pour cette chaleur ; mais Oh La La me rappelle combien j'aime Paris. Oh La La incarne Paris, une soirée dans un bar, un verre de bon vin. Nous mangeons beaucoup de tofu épicé, et la Tiger coule à flot. Je sens venir la fin.

Britney Spears, Femme Fatale.
Le prochain stagiaire arrive demain, et je pars dans 33 jours. Je retourne à mes premières amours. Etrangement, Femme Fatale est moins nasty, écouté en été. Till the world ends sent toujours la sueur des clubs, mais les soirées sont plus joyeuses, presque nostalgiques. Comme si Britney s'était débarrassée de ses démons. Danser pour vivre, et non plus pour survivre.